Felicity Jones au sujet du tournage de Midnight Sky, côtoyer RBG et son future dans l’univers 'Star Wars'
En 2017, Felicity Jones se préparait à incarner Ruth Bader Ginsburg dans le film On the Basis of Sex, quand elle s’est rendue à Washington pour un tête à tête avec la juge iconique de la Court Suprême, visitant son bureau et aussi l’endroit le plus intime de sa maison.
« Je me souviens qu’elle m’avait montré sa collection de gants et de cols dans sa garde-robe. Elle a été très ouverte me montrant d’anciennes photos et très franche sur ses expériences, ce qui a évidemment été très utile pour l’interpréter ». Nous informe Felicity.
Felicity qui est devenue pour la première fois maman à peu près au même moment où Ginsburg est décédée en septembre, se raccroche désormais aux moments passés ensemble, gardant une photo de la pionnière du droit dans son bureau.
Avec son dernier film, The Midnight Sky, l’actrice britannique a aussi réalisé quelque chose de précurseur, tournant le film de science-fiction réalisé par George Clooney tout en étant enceinte. Pendant des décennies à Hollywood, un ventre rond signifiait se faire virer d’un film. Mais Clooney a non seulement insisté pour que l’actrice reste au casting du film mais a aussi introduit sa grossesse au scénario post apocalyptique du film. Felicity Jones nous a rejoint sur Zoom pour discuter du film, du tournage, de se battre pour l’égalité salariale et du future de Jyn Erso dans l’univers Star Wars.
Comment s’est passé le confinement ?
Je suis à Londres. J’ai eu un enfant, ce qui fut un défis intéressant au début du confinement, ce qui a donc apporté une certaine pression supplémentaire. Maintenant de passe beaucoup de temps à l’intérieur. J’ai beaucoup regarder Emily in Paris récemment, ce qui ce qui était bien agréable et m’a rappelé l’époque Sex and the City. J’ai rattrapé les films que je n’ai pas vus depuis des lustres, comme Nikita de Luc Besson. Donc, cela a été sympa de voir certains films que je n’avais pas vu depuis longtemps.
Quel a été votre moment le plus mémorable avec RBG ?
Probablement partager un café avec elle dans son appartement car s’est une grande buveuse de café, ce qui je pense l’a aidée a travailler de longues heures sur ses dossiers. Donc juste simplement partager ce moment sur son canapé et aussi se déplacer ensemble dans sa voiture. Nous sommes allées diner plus tard ce jour là. Je pense que le fait qu’elle soit si vulnérable avec moi et la confiance qu’elle avait sont ce qui va me rester. Elle a été très impliquée dans la production du film et avait vu toutes les ébauches. Elle avait donc une connaissance intime, évidemment, de ce que nous faisions et était donc une grande supportrice.
Qu’avez-vous retenu de son héritage ?
J’ai sa photo dans mon bureau pour me rappeler la façon dont elle a abordé les choses, l’intelligence avec laquelle elle a abordé les situations difficiles et elle a trouvé un moyen de rassembler les gens. Elle n’a pas polarisé les gens et je pense que c’est ce qui est important de se rappeler maintenant. Elle a trouvé un moyen grâce à son éloquence de réduire les conflits et de faire en sorte que ce qu’elle disait soit compris comme du bon sens. Je pense toujours à ça quand je suis dans des situations complexes ou difficiles. Puis je reviens à la façon rationnelle dont elle a abordé les choses. Il y a dû y avoir des moments où elle voulait juste s’emporter et dire : « C’est ridicule ». Mais la façon dont elle a réussi à avoir une approche aussi persistante, mais aussi conciliante et amicale, a été remarquable. Elle a joué la longue distance, ce que j’admire profondément.
Qu’est-ce qui vous a attiré dans le rôle de Sully dans The Midnight Sky ?
J’ai tout de suite réagi au scénario en le lisant. J’ai été très touchée par les thèmes du film. Le film parle de tentative de connexion, communication — quelqu’un sur terre qui essaie de se connecter avec un vaisseau spatial quelque part dans le ciel. Mais c’est aussi au sujet de ce qui compte pour nous et ce qui est important dans nos vies parce que dans le film, les personnages ont beaucoup de temps devant eux, ce qui les obliges à réfléchir sur ce qui est important pour eux. Il est intéressant de noter que c’était avant qu’on se retrouve dans cette situation avec cette crise du COVID. Et ça m’a attirée car je pense que ça parle beaucoup de l’époque dans laquelle nous sommes avec le développement des nouvelles technologies. Qu’est-ce que cela signifie de vraiment se connecter ? Qu’est-ce que cela signifie réellement ? Et je trouve que ces questions ont été encore plus mises en lumière avec la pandémie. Le film est devenue de plus en plus pertinent au fil d’année, ce qui est assez remarquable. C’est incroyable, la vie imite définitivement l’art.
Comment s’est passé cette expérience Netflix ? Y-a-t-il une différence dans le fait de savoir que votre performance sera vu principalement sur petits écrans ?
La façon dont cela sera regarder n’affecte pas le processus de tournage. J’ai trouvé qu’ils étaient très bon pour laisser les gens faire ce qu’ils savent faire. Je pense que ce qui est formidable dans le fait de travailler avec eux c’est la confiance qu’ils donnent à leurs collaborateurs. Ils rendent nos métiers beaucoup plus simples. Avec cette pandémie les gens regardent beaucoup plus en ligne. En tant qu’acteur, c’est formidable que les gens puissent continuer à regarder des histoires et c’est vraiment le plus important.
Y-a-t-il eu une quelconque hésitation, réticence à continuer le film après avoir su pour votre grossesse ?
Non. C’était un processus assez naturel. De tellement de façons, ma grossesse a intensifié ma connexion avec Sully et a rendu encore plus urgent le besoin de faire un film sur la fin du monde. Et George était inflexible sur le fait de me voir interpréter ce rôle et donc il a incroyablement adapté certaines séquences. Certaines scènes de cascades ont été aménagées pour que ce soit le plus sûr pour moi. J’ai donc eu le luxe de pouvoir rester assise pour beaucoup de mes cascades, ce qui était assez agréable. Au départ le plan était de cacher le ventre grâce aux images de synthèses, Sully n’était pas censée être enceinte. Puis quand nous avons commencé le tournage, George était en train de regarder les rushs, il est venu me voir et m’a dit, « Je pense en fait que cela pourrait être bénéfique au récit si Sully était enceinte ». Et cela m’a semblé juste. Il n’y a que peu de cas où des femmes ont pu être enceintes dans un drame. C’était donc plutôt révolutionnaire et cela témoigne de la capacité de George à s’adapter de cette manière. C’est ce qui rend le projet si spécial. C’est vraiment novateur dans la mesure où [ma grossesse] a toujours été considérée par George comme un ajout et non comme quelque chose dont il faut avoir peur.
Y-a-t-il eu des cascades qui se sont avérées plus compliquées à cause de votre grossesse ?
Non. Tout a été très fluide. Nous avons eu beaucoup de temps de préparation et de répétition, c’était vraiment excitant d’être enceinte dans une combinaison spatiale. C’était une très bonne expérience dont je pourrais parler à mon enfant dans le futur. Il y a une séquence à la moitié du film où nous sommes à l’extérieur du vaisseau et nous avançons à l’intérieur de ce dernier. Je ne vais pas en dire trop mais, j’ai été capable de faire ça assise sur un siège de grue, sur un bras, ce qui était une position agréable, confortable et sûre. Il y a eu une autre séquence où un siège spécial a été conçu. C’est incroyable ce que la magie du cinéma a pu faire, vous ne croirez jamais que je n’était pas en train de flotter dans l’espace avec mon ventre rond.
Vous avez été très franche au sujet de la parité salariale. Avez-vous déjà vécu une situation où vous étiez moins bien payée que votre collègue masculin ?
Je ne l’ai pas été. J’ai été très chanceuse sur ce front. Je me suis toujours sentie traitée de manière très équitable à cet égard, j’ai toujours trouvé une transparence et je me suis sentie payée convenablement pour ce que j’ai fait. Mais ce n’ai clairement pas le cas pour tout le monde.
Trouvez-vous que ça évolue positivement à Hollywood ?
Je pense que les temps changent si rapidement. Je pense que nous sommes dans un moment où nous ne pouvons plus être vieux-jeu. Nous devons nous adapter. Nous devons continuer à nous battre pour la parité, particulièrement dans les industries où se n’est pas couru d’avance. e pense que c’est fantastique le degré de transparence qui existe actuellement et je pense que c’est la clé. Nous devons nous assurer que tout est transparent et qu’il n’y a pas de secret dans ces situations où les gens sont traités injustement. Le simple fait de pouvoir être dans ce moment post-#MeToo et de voir ce changement, de faire partie de ce changement est tout simplement génial.
Avec Rogue One, vous vous êtes battu pour être la mieux payée. Avez-vous fait face à une résistance ?
Pour ce film, j’ai été rémunérée équitablement pour ce que je faisais et j’ai été défendue équitablement. C’est aussi une preuve pour les personnes avec lesquelles je travaille et qui se sont également battues en mon nom. Et j’ai eu beaucoup de chance que ce ne soit pas un problème.
Le destin de votre personnage Jyn Erso n’est pas clair à la fin de Rogue One. A-t-on parlé d’une suite ?
Je n’arrête pas de dire que la réincarnation est possible dans l’univers Star Wars. (Rires).
J’ai donc l’impression qu’il reste des choses à faire pour Jyn, c’est certain.
J’ai entendu dire que Disney a une option renouvelable au cours du temps auprès de vous pour un deuxième film. Comment aimeriez-vous voir le retour de Jyn – une suite, un spin-off ou autre chose ?
Je pense que ce serait intéressant de la voir devenir plus âgée et plus sage, combattant les forces obscures de l’univers, qui semblent nombreuses.
Dans le film The Last Letter From Your Lover partageait vous une scène avec Shailene Woodley ?
Non, nous étions d’ailleurs assez triste car je suis une grande admiratrice de Shailene depuis des années. Malheureusement nos chemins ne se croisent jamais physiquement. Ils se croisent émotionnellement et spirituellement. C’était un film si joyeux à réaliser et je pense que les gens apprécieront de le regarder par un après-midi confortablement installé avec un verre de vin et un peu de chocolat. C’est tout ce dont nous avons besoin en ce moment.
Avec quel réalisateur avez-vous envie de travailler ?
Noah Baumbach. J’ai toujours aimé ses films. The Squid and the Whale, est sublime, le mélange entre sa profondeur et son humour. J’aime Sofia Coppola et Wes Anderson.
Quelle est la prochaine étape pour vous ? Avez-vous des choses de prévues ?
J’ai récemment fondé une compagnie de production avec mon frère, donc nous sommes en train de regarder plusieurs projets. Toute une série de livres, d’histoires vraies. Notre modus operandi consiste essentiellement à trouver des histoires qui sont pertinentes avec une étrange fascination et un besoin urgent d’être racontées. Si il y a une chose positive à retirer de cette pandémie c’est que cela nous a rappelé que le temps n’est pas infini.
Quel film déjà sorti correspondrait à la sensibilité de votre boîte de production ?
Notre film préféré en grandissant était la Famille Adams. Ma mère avait l’habitude de nous amener au multiplex qui était à une heure de notre maison, nous sommes allés voir ce film et il nous a beaucoup marqué. Nous allons donc certainement examiner des projets dans cette veine.